À la fin (2)

Que restera-t-il de tout ça ?

Tout au sommet d'un champ enroulé sur lui-même
Nos deux visages tournés vers l'hélianthe se couchant  
Qui admirent en silence des désirs encore ronds.

Des sentiers de détails à jamais en mémoire
Traversant ces vies divisées par les vents
Au creux duquel parfois s'allongeait un beau chat.

Une dernière heure peuplée de tous ceux que l'on aime
Qui s'érodent malgré eux vers les tombes se creusant
Comme ces mots qui prennent corps pour ne plus nous lâcher.

Symétriques aux prairies des soirs de ton enfance
Nos maisons maintenant se hantent de la chaleur
Des objets laissés là par les chaires disparues.

L'odeur des soirs d'été n'y échappera pas
Ceux qui meurent changent leurs ombres pour des contours plus flous
Le foin frais prend aussi des échos de varech.

Nos mères et nos amis devenus impuissants
Face à un seul cheveux retrouvé comme une trace
D'animal disparu qui ne vit plus qu'en nous.

Puisque tout était là précédant les préludes
Sous les rires des photos et l'écorce où l'on grave
Nos humbles certitudes lorsque tombent les feuilles.

Nous serons tous alors adultes et achevés
Et tout redeviendra comme avant l'origine
Le sensible péri seul dans la main du silence .